Véganisme : incidents et trublions

29 septembre 2018

Incendie criminel d’un abattoir. On commence par féliciter les torchons papelards qui, comme d’habitude, s’empressent de relayer sans nuance les rumeurs les plus crasses quand aux auteurs des faits (qui restent pour l’instant inconnus), dans le seul but de caresser la majorité bien-pensante dans le sens du poil, sous la forme de la parole du très puissant lobby pro-viande Interbev.

Ensuite on se calme et on prend un peu de recul, on allume les neurones et on décompose les événements.

Trois possibilités pour cet incendie criminel :

  1. C’est l’œuvre d’un pyromane isolé ou d’un groupement de petits criminels sans aucun lien avec le véganisme qui auraient visé ce bâtiment-là, par hasard ou par opportunité. Cette possibilité semble peu probable, évidemment.
  2. C’est l’œuvre de quelque illuminé ou imbécile se revendiquant effectivement du véganisme, et croyant probablement agir pour la cause. Sauf que, bien entendu, ce n’est pas en commettant des actes criminels et en s’attirant l’opprobre publique qu’on va changer quoi que ce soit aux mentalités des gens envers les animaux. C’est même totalement contre-productif. Ces derniers mois, période au cours de laquelle nous avons vu apparaître soudainement différents autres incidents perturbant l’ordre public (bris de vitrine de bouchers), ont permis aux lobbies pro-viandes de sauter sur l’occasion pour amalgamer le véganisme au terrorisme. Si ce genre d’événements continue à se reproduire, le véganisme va finir par se retrouver totalement ostracisé (non, sans dèc, encore plus qu’il ne l’est déjà). Avec une opinion publique associant véganisme et terrorisme, on voit la population revendiquer de plus en plus fortement son attachement à la viande, et il devient plus aisé pour les puissants lobbies d’inciter le gouvernement à légiférer de manière encore plus délétère qu’à l’accoutumée à l’encontre des animaux. Qu’on soit énervé, écoeuré et révolté par le sort réservé aux animaux, je le comprends et le vis moi-même. De là à perdre les pédales au point de commettre des actes qui se retourneront forcément contre le véganisme, il y a un gros pas à ne franchir sous aucun prétexte.
  3. La dernière possibilité est que cet incendie (et pourquoi pas aussi les bris de vitrines que nous avons connus ces derniers mois) soit l’œuvre des exploitants eux-mêmes. Ça ne me paraît pas fou, en tous cas pas plus qu’imaginer un individu se revendiquant d’une cause et agissant manifestement de manière tout à fait contraire à celle-ci. Il n’y aurait aucun inconvénient et plusieurs avantages, pour les exploitants de la viande, à commettre des actes de vandalisme contre leurs propres outils de production. En effet, assurés, ils se voient remboursés des dégâts causés. Ils augmentent leur capital sympathie auprès de la population et voient leur clientèle croître. Enfin, ces actes permettent de pousser un peu plus en avant la diabolisation du véganisme, ceci pour se mettre l’opinion publique et le pouvoir politique dans la poche. Ce qui permet de faire passer de nouvelles lois aberrantes dans le but de favoriser leur économie (cf la délirante loi protectionniste sur l’interdiction d’utiliser le terme “lait” sur les emballages de laits végétaux, contrats avec l’éducation nationale pour fournir des produits animaux en quantités toujours plus importantes aux cantines, etc.).

Quoi qu’il en soit, cet incendie est une très mauvaise nouvelle pour les animaux.

Je terminerai par ceci : le véganisme, dans le chef des véganes, est une lutte idéologique, idéaliste peut-être, utopiste très certainement. Mais pour les exploitants des animaux, c’est une lutte pour de puissants intérêts économiques avant tout. Ne l’oublions pas. Les véganes eux n’ont rien à gagner, ils agissent pour les animaux.

Classé dans : Société / Mots clés : aucun